<B>Notre-Dame de Paris - Soirée du 8 octobre 2001</B><P>Distribution :<BR>Isabelle Guérin (Esmeralda) - Massimo Murru (Quasimodo) - Manuel Legris (Frollo) - Yann Saiz (Phoebus)<P><BR><B>Les Larmes d'Isabelle</B><P>Malgré des préavis de grève, la représentation de ce soir a bien eu lieu mais avec une demi-heure de retard. Adieux d'Isabelle Guérin obligent, les syndicats, principalement la CGT, ont accepté de faire une trève. <P>Devant un parterre d'admirateurs venus tout exprès pour l'occasion, Isabelle Guérin dansait sa dernière Esmeralda en tant qu'étoile invitée. Blessée en juillet dernier, elle n'avait pu faire ses adieux sur le rôle de Juliette. Et bien qu'elle revienne en étoile invitée, le public était venu pour "fêter" les adieux de cette étoile immense.<P>Si pour le public, cette représentation était celle de ses adieux, il n'y avait rien d'officiel, pas de poster, et à la fin du spectacle pas de pluie de confettis, juste quelques bouquets lancés des avant-scènes. Il semble que l'étoile voulait partir dans la discrétion. Son émotion à la fin du spectacle n'a été que plus bouleversante pour le public qui assistait à l'évenement.<P>Cependant, Isabelle Guérin a malheureusement quitté l'Opéra sur une prestation plus que mitigée. Après la sublime incarnation de la bohémienne, que nous avait offerte Marie-Agnès Gillot, Isabelle semblait totalement en retrait, elle ne vivait aucunement son rôle et semblait étrangement absente. <BR>Si la technique était toujours là bien visible, elle se contentait d'enchainer les pas sans aucun éclat. Le personnage est inconsistant, froid, seul son duo avec Phoebus semblait un peu plus passionné et avait une réelle intensité dramatique.<P>Il est vrai que son Quasimodo était Massimo Murru. Pour ses débuts à l'Opéra de Paris, l'artiste italien incarne un rôle qu'il a déjà eu l'occasion d'aborder sur d'autres scènes, mais c'est de la trop "jolie" danse pour qu'il fasse penser un seul instant au monstre qu'il est censé être. Le corps est trop fin, la ligne trop parfaite pour incarner un être bossu, boiteux. Tout est trop étudié, les bras qu'on remet consciencieusement en forme de bosse, le corps qu'on casse, etc., il n'émeut absolument pas et le ballet pourtant passionnant ennuie profondément. Bien que partenaire attentif d'Isabelle Guérin, il semble danser de son côté et elle du sien. Rien ne passe entre les deux interprètes, tout est lisse, froid, conventionnel. Contrairement à Romoli qui était "difforme" naturellement, il joue au difforme et on sent trop tous les artifices. <P>Heureusement que Manuel Legris est de plus en plus diabolique en Frollo dont il explore les moindres recoins de la personnalité avec une danse toujours aussi extraordinaire. Autre bon point, le Phoebus de Yann Saiz, si le blond ne lui va pas, il incarne le personnage tel qu'il doit être fier de lui, imbu de sa personnalité, s'intéressant autant, si ce n'est plus, aux prostituées de la taverne qu'à Esmeralda. Rien que la manière dont il relève sa cape lors de son entrée traduit toute la suffisance et l'orgueil de Phoebus. De plus techniquement, il a enlevé avec brio sa variation, ses sauts écarts étaient impressionnants, et son pas de deux avec Esmeralda était accompli. <P>Le corps de ballet est toujours aussi bon. <P>Le rideau final et l'ovation finale, qui a salué l'artiste immense qui partait à la retraite, a laissé Isabelle, émue et en larmes devant un public en délire qui rendait un vibrant hommage à cette grande étoile. Si elle a râté sa soirée d'adieu - mais avait-elle envie que ce soit sa soirée d'adieu - elle n'en reste pas moins une des grandes de l'Opéra de Paris. Avec son départ, l'ère Noureev se referme encore un peu plus. <P><BR><B>En marge du spectacle</B><P>A noter que si la représentation a bien eu lieu, ce soir des préavis de grève demeurent sur toutes les représentations et il se pourrait très bien que d'autres annulations se produisent. <P>La cause en serait les CDD non rémunérés. Il ne faut pas oublier une chose, les syndicats se servent de l'Opéra comme bouc émissaire.<P>En effet, ce n'est pas l'Opéra de Paris qui paie ces fameux CDD, mais le ministère des Finances qui rémunère ces agents comme tous les autres membres de la fonction publique. Il est donc facile d'accuser la Direction de l'Opéra de maux dont pour une fois elle n'est pas la cause et de prendre encore une fois le public en otage. <P>L'Opéra de Paris, une fois de plus, par ses syndicats puérils, se ridiculise et se décrédibilise totalement aux yeux des étrangers, qui ne voient dans cette Institution, qu'une grêve permanente.<P><BR><p>[This message has been edited by Cathy (edited October 09, 2001).]
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