Bonjour tout le monde,<P>J 'ai vu Helikopter et MC14/22 de Preljocaj et voici mes impressions. Je n'avais auparavant que Paysage après la bataille.<P>HELIKOPTER : du bruit…<BR>Le rideau s'ouvre sur une hélice d'avion projetée au sol et sur le bruit de cette même hélice.<BR>Puis la lumière dessine le décor sur un tapis de sol à capteurs de mouvements. La musique est un mélange du bruit d'hélice et de violon strident. <BR>6 danseurs : 3 filles, 3 garçons. Chacun de leur mouvement interfère sur le décor au sol qui change.<BR> D'ailleurs une des forces de cette chorégraphie est bien tous ces éléments extérieurs aux corps des danseurs. Le sol se transforme perpétuellement en hélices, en nuages de fumée, en ondes sur la surface de l'eau…Ces changements accompagnés de la musique provoquent chez le spectateur un sentiment fort d'instabilité. Ce travail est un bon exemple de remise en cause de la place du spectateur. On ne se sent pas en sécurité, ne contrôlant pas ce décor mouvant et assourdis par la musique.<BR>Les mouvements sont saccadés, rythmiques, mécaniques exprimant l'idée de boucle sans fin. Les mouvements des bras sont comme ceux des hélices : amples, raides, longs. <BR>Travail sur le corps : ses limites, ses possibilités, son poids, sa particularité. Les danseurs ont travaillé par 2 ou 3 des mouvements qu'ils exécutent dans un coin du décor avant de se fondre dans une danse d'ensemble basées sur des entrelacements<BR>J'ai ressenti ce travail comme une interrogation sur la place de l'homme et de sa particularité biologique au milieu du monde moderne. Est-ce que l'homme ou un groupe d'hommes peut former une mécanique bien huilée ? Peut-il être un des maillons constituant une machine ? <BR>Je pense que l'idée primordiale est que l'homme est une mécanique biologique, chose que ne sera jamais une machine. Les mouvements entrelacés font penser à l'amour ou du moins sont d'une très grande sensualité.<BR>C'est une chorégraphie novatrice et provocatrice dans son installation. Au bout de 35 minutes, cela devient, de façon naturel, insupportable.<P>MC 14/22 : le corps de l'homme comme objet.<BR>Chorégraphie pour 12 danseurs. Ce qu'il y a d'agréable chez Preljocaj c'est que la danse masculine et les danseurs par conséquent sont d'une beauté et d'une sensualité issue de la danse même.<BR>Le ton est donné dès la 1ère scène. 8 Hommes, dans un système de vitrine, se prélassent comme dans un sommeil mouvementé : ils s'exposent. Une voix off féminine répète : " Ce que j'aime chez les hommes c'est leur sexe tendu ? leurs cuisses rondes, leur taille incurvée, leurs épaules… " c'est donc un travail sur le corps de l'homme comme objet du désir, comme objet tout court.<BR>- CARACTERISTIQUES MASCULINE :<BR>Les 12 danseurs dansent par couple : un étant l'homme fort et l'autre étant le faible. Cette disposition et les mouvements violents symbolisent la confrontation, la rivalité. Ce qui est une caractéristique mâle ! !<BR>Chaque couple danse autour, sur ou sous une table. On peut penser tout de suite à l'homosexualité, mais c'est se tromper sur le sens de cette chorégraphie. L'homme s'interroge sur son corps. Ils se testent, se tâtent, se dissèquent. Qu'est-ce que mon corps ? Où est ma force ? Mon intelligence ?…je ne pense pas non plus que Preljocaj ait pensé au côté social (la place de l'homme dans la société moderne), mais celui-ci transparaît naturellement. <BR>La bande son est un assemblage de bruits caractéristiques de la masculinité : grognements de cochons, tôle froissée, trains…Bruits violents, durs.<BR>- VICES :<BR>La chorégraphie se poursuit par une danse d'ensemble. Les danseurs fonctionnent toujours par couple dansant l'un après l'autre. Ces scénettes sont entrecoupées par 6 tableaux qui décrivent les vices des hommes. J'ai peut être rêvé mais j'ai cru reconnaître 3 vices négatifs (luxure, violence, sexe bestial) et 3 vices positifs (le travail, la connaissance, l'épanouissement physique). Mais peut-être que je vois le bien là où il y a le mal ? ? ! ! ! ? ?<BR>- CORPS COMME INSTRUMENT :<BR>Au fil de la chorégraphie, un danseur se transforme en instrument de musique , un instrument à vent. Il chante et 2 autres danseurs le manipulent : lui appuient sur le ventre, le secouent….Vers la fin, un autre danseur est au fur et à mesure entouré de ruban adhésif par un de ses collègues, mais s'obstine à danser, devenant l' objet " dansant " de l'autre! ! Ces deux moments dans le spectacles expriment parfaitement cette interrogation du chorégraphe sur le corps.<P>La fin est surprenante puisque chaque danseur se jette du haut de la vitrine (3 tables empilées) dans les bras de ses collègues. Est-ce pour exprimer la sociabilité de l'homme ou est-ce un geste de la part du chorégraphe pour qu'après leur affrontement dansé les danseurs retrouvent la confiance, l'harmonie du groupe ?<P>Le travail de Preljocaj est un travail sur la danse pure, la recherche chorégraphique pure, la réflexion pure : il n'y a plus d'histoire avec début, déroulement et fin. La symbolique des gestes dansés est parfois quasi subjective.<BR>Je n'ai pas vu son travail d'avant, mais dans ce cas précis, c'est une recherche d'une danse contemporaine élaguée de toutes codes préexistants. C'est une réflexion et un travail de groupe sur des thèmes donnés. <BR>C'est en tout cas pour la danse masculine, une danse belle, sensuelle et virile.<P>Pour celles et ceux qui ont vu d'autres chorégraphies de Preljocaj (notamment casanova et Le parc) Pourraient-ils m'en parler?<BR>Voila<BR>A bientôt<BR>Emie<BR>
_________________ Emilie
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